La foi chrétienne comme reconnaissance en dépit de...

La foi chrétienne naît à Pâques. Auparavant on a des disciples intéressés par la prédication d’un grand maître. Leur intérêt ne résiste pas à l’échec subi par le maître. Dans trois évangiles, il meurt seul, trahi et renié par ses disciples. A Pâques naît chez ses disciples, en dépit de cet échec radical, la confiance que Jésus n’était pas seulement un maître intéressant, mais la condition pour qui veut accéder à la vérité.

Cette naissance de la foi suit exactement les quatre moments du mouvement de la reconnaissance (Mouvement typique) : (a) la visée de départ; (b) l'échec; (c) le retour à une donnée plus fondamentale; (d) la reprise, dans un autre contexte, de la visée de départ. On retrouve par exemple ces quatre moments dans l’histoire des pèlerins d’Emmaüs (Luc 24,13ss.). Leur visée de départ, ce sont leurs attentes à l’égard de Jésus puissant en paroles et en actes. L’échec est celui de la croix.  Le retour au fondement est opéré par l’enseignement biblique offert par l’étranger rencontré en chemin. La reprise sur d’autres bases de la visée de départ est manifestée par la passion à aller communiquer aux autres disciples qu’en dépit de l’échec de la croix, Jésus est bien toujours puissant en paroles et en actes. Les disciples d’Emmaüs ont « reconnu » Jésus.

Ce mouvement de la reconnaissance « en dépit de... » caractérise tous les autres aspects de la foi chrétienne dont notamment:

- En dépit de mes efforts pour me faire reconnaître juste aux yeux d’autrui, de la société et/ou de Dieu, je fais confiance à la parole qui me dit que je suis reconnu juste indépendamment de mes œuvres.

- En dépit de l’absence de preuves à propos de l’existence ou de la non-existence de Dieu, je reconnais l’existence d’un Absolu transcendant et personnel en faisant une aveugle confiance à celui qui prétend me rencontrer de sa part pour me dire que je vaux inconditionnellement à ses yeux.

- En dépit de la confiance mise en moi-même de pouvoir accéder à la vie en plénitude, je reconnais mon péché, ma coupable rupture d’avec Dieu.

La foi n’est toutefois pas seulement confiance en dépit de..., elle est également confiance au coeur même de la réalité (page suivante Foi comme reconnaissance 2)